Titre : Si
c’est un homme.
Auteur : Primo
Levi.
Éditeur : Pocket.
Nombre de
pages : 186.
Résumé :
« On est volontiers persuadé d'avoir lu beaucoup de
choses à propos de l'holocauste, on est convaincu d'en savoir au moins autant.
Et, convenons-en avec une sincérité égale au sentiment de
la honte, quelquefois, devant l'accumulation, on a envie de crier grâce. C'est
que l'on n'a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l'état du
malheur. Peu l'on prouvé aussi bien que Levi, qui a l'air de nous retenir par
les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n'est pas écrite pour
rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité. »
Mon avis :
L’intrigue – C’est
toujours difficile d’aborder des témoignages de rescapés des camps de concentration.
Celui-ci, l’un des plus connus sans doute, ne déroge pas à la règle. Mais bien
loin de s’apitoyer sur son sort, l’auteur donne une image presque neutre, en tout cas réaliste, de ses
conditions de détention à Auschwitz. Il explique en effet comment s’organise le
camp, et comment ses camarades d’infortune s’y prennent pour survivre un peu
plus longtemps, ou dans des conditions un peu moins difficile. Ainsi, le troc
et la Bourse régissent la vie du camp, avec pour arrière-fond les Sélections,
normalement menées à l’improviste, mais dont on entend toujours parler un peu
avant.
Primo Levi ne s’attarde pas longtemps que la dégradation du
corps, évoque sans insister les différentes maladies qui frappent les détenus. Lorsqu’il
perd son meilleur ami quelques jours à peine avant la libération, il ne l’évoque
qu'en une ligne rapide. Il ne veut pas faire pleurer dans les chaumières, mais
témoigner. Et on se rend alors compte que c’est une véritable organisation
sociale qui s’est mise en place, avec les grands seigneurs, les aristocrates,
les marchands qui s’en sortent bien, et le « petit peuple », ceux
dont, comme le dit l’auteur, on sait qu’ils ne tiendront pas longtemps ici.
L’un des aspects qui moi, m’a marqué, c’est cette impression
que les détenus « collaborent », d’une certaine façon. Ils se
soumettent presque volontairement aux ordres donnés, ne mènent pas d’opération
de sabotage ou de grands plans de résistance. Il n’y a pas d’accusation dans
les propos de l’auteur, et ce n’est pas de cette façon que je l’ai reçu, mais
seulement, l’être humain perd une partie de son humanité. Nous ne sommes pas
ici dans l’un de ces grands récits d’héroïsme pur, mais dans le quotidien des
prisonniers, du détenu lambda. Soumis aux hivers rudes, à l’alimentation
maigre, aux coups évoqués rapidement, l’instinct de survie prend le dessus.
Certains deviennent fous, d’autres se soumettent sans discuter, les autres
tentent de trouver quelques combines et trocs pour survivre un peu plus
longtemps. Dans un tel camp, on ne pense pas à demain, mais à aujourd’hui. Les
« anciens » le savent, et rient des petits nouveaux qui économisent
leur pain pour plus tard : la survie est maintenant, tout bien doit être
protégé, toute nourriture ingurgitée rapidement avant qu’on ne te la vole.
Conclusion : Impossible de dire qu’on a aimé un tel livre tant
le sujet est terrible, mais il est assurément à mettre entre les mains du plus
grand nombre, car c’est un immanquable travail de mémoire.
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