vendredi 5 mai 2017

Désolée, je suis attendue, d'Agnès Martin-Lugand

Titre : Désolée, je suis attendue.
Auteur : Agnès Martin-Lugand.
Éditeur : Michel Lafon.
Nombre de pages : 376.

Résumé :
« Yaël ne vit que pour son travail. Brillante interprète pour une agence de renom, elle enchaîne les réunions et les dîners d'affaires sans jamais se laisser le temps de respirer. Les vacances, très peu pour elle, l'adrénaline est son moteur. Juchée sur ses éternels escarpins, elle est crainte de ses collègues, et ne voit quasiment jamais sa famille et ses amis qui s'inquiètent de son attitude. Peu lui importe les reproches qu'on lui adresse, elle a simplement l'impression d'avoir fait un autre choix, animée d'une volonté farouche de réussir. Mais le monde qu'elle s'est créé pourrait vaciller face aux fantômes du passé. »

Mon avis :
L’intrigue – On suit ici l’histoire de Yaël dix ans après la disparition de l’un de ses amis, Marc. La jeune étudiante frivole s’est transformée en une véritable working girl inébranlable, et lorsqu’elle tombe par hasard sur lui, il va vite devoir admettre ce changement.
Clairement, l’intrigue n’est pas révolutionnaire, on a exactement ce à quoi l’on s’attend quand on commence un roman d’Agnès Martin-Lugand, à savoir une belle histoire d’amour touchante. Il y a assez de ressorts et rebondissements pour maintenir l’attention, même si certains ne semblaient pas absolument indispensables.
J’ai eu l’espoir, à un moment donné, que l’auteure me surprenne avec une fin tout à fait différente. J’ai cru l’entrapercevoir, et je me suis dit que pour une fois, on n’aurait pas ce dénouement complètement attendu. Ça aurait pu donner une toute autre dimension au personnage de Yaël, en faire une vraie héroïne. Mais l’auteure change finalement son fusil d’épaule, c’est dommage.
On aborde en revanche des thèmes qui m’intéressent, notamment autour de la relation au travail, de cette dévotion presque unilatérale de Yaël à son poste et son agence, presque jusqu’à un point de non-retour. Cet équilibre qu’elle cherche entre vie professionnelle et vie privée, et qui est la vraie quête de ce roman, l’ancre dans quelque chose de très actuel. J’aime le fait que l’auteure « fictionnalise » ici un mal sociétal actuel.
Les personnages – La balance entre Yaël, le stéréotype de la parisienne avec une carrière fulgurante, et Marc, le brocanteur relax et philosophe, est plutôt intéressante. Elle permet de mieux nuancer les différences entre ces deux personnes qu’ils sont devenues, alors qu’ils étaient si proches dix ans auparavant. Yaël a parfois, souvent même, des réactions que je ne comprenais pas ou qui me paraissaient trop absurdes. Peut-être que son côté « burn-out » était de temps en temps un peu trop poussé. J’ai également eu du mal à m’attacher au reste des personnages, au cercle d’amis de Marc et Yaël, qui me semblaient plus être là pour « justifier » l’histoire et permettre certains rebondissements, que par vraie nécessité. Le couple Jeanne/Adrien notamment m’a paru un peu inutile : Jeanne est absolument insignifiante, leur fille est évoquée deux ou trois fois en quelques mots, et Adrien m’énervait juste au plus haut point, sans qu’aucun d’eux ne fasse vraiment avancer l’histoire.
Le styleJ’avais oublié à quel point le style d’Agnès Martin-Lugand est identifiable, et je pense que c’est pour ça que j’ai toujours plaisir à me plonger dans son dernier roman, alors même que je ne le lirais sans doute jamais s’il avait été écrit par quelqu’un d’autre. Elle a une manière de toucher directement au sentiment qui est très efficace, et en fait toujours une lecture agréable et divertissante.


Conclusion : Un plaisir non dissimulé de retrouver cette auteure, qui une fois de plus nous livre une belle histoire, même s’il n’y a ici rien de révolutionnaire.

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