mardi 25 avril 2017

Le Silence de la mer, de Vercors

Titre : Le Silence de la mer & autres nouvelles.
Auteur : Vercors.
Éditeur : Le Livre de poche.
Nombre de pages : 161.

Résumé :
« Hiver 1940, la France est défaite. En province, dans une ancienne demeure, un vieil homme et sa nièce voient une partie de leur habitat réquisitionnée pour héberger un officier allemand. Lors des veillées, dans la grande cuisine, seule pièce chauffée, au coin de l’âtre, l’officier leur rend visite et essaye d’établir un contact. Enfermés dans leur mutisme, les deux hôtes écoutent sans mot dire. De long monologues sur l’amour des peuples, la coopération, l’admiration de la culture française émanent de cet homme fin et cultivé, musicien de profession. Il croit à l’avenir d’une Europe unifiée où chacun respecte l’autre et y apporte son particularisme. Il croit en la pluralité des cultures et des idées. En face de lui, seul le silence lui répond. »

Mon avis :
L’intrigue – J’ai découvert Vercors à l’âge de 14 ans, lorsque j’étais en seconde, où nous avions étudié deux nouvelles de ce court recueil, Le Silence de la mer et Ce jour-là. Dix ans après, ces textes continuaient de me hanter ; j’avais été très marquée par ces deux lectures, et par l’histoire de cet auteur, et de la façon dont il avait fait naître les Éditions de Minuit. Du coup, je me suis procurée il n’y a pas très longtemps ce petit livre, pour redécouvrir les textes qui m’avaient tant bouleversée, mais aussi pour en découvrir d’autres. Autant vous dire que même dix ans après, l’émotion est toujours la même. Je ne saurais vous dire ce qui me touche autant dans ces textes, mais ils sont vraiment exceptionnels. Tous rattachés au début des années 1940, avec la Seconde Guerre mondiale pour toile de fond, ils traitent de sujets difficiles et bouleversants. J’aime toujours autant Le Silence de la mer. Dans cette nouvelle, l’auteur nous raconte l’histoire d’un jeune officier allemand logé par un Français et sa nièce, auxquels il raconte son amour pour la France, mais dont la seule réponse est le silence. L’officier ne s’en offusque pas, y voit même une forme de noble résistance qu’il respecte. Petit à petit, il va malheureusement prendre conscience de ce que son pays inflige à cette nation qu’il aime tant, et va perdre confiance en son propre gouvernement et l’humanité. C’est vraiment un personnage bouleversant, d’une sensibilité incroyable.
Mais la nouvelle, qui était pour moi une découverte et qui m’a complètement retournée, c’est Le Songe. Comme son nom l’indique, le narrateur, sous prétexte de dépeindre l’un de ses rêves, dresse en fait un tableau de ce que sont les camps d’extermination, et la façon dont il y procède. J’ai vraiment eu le cœur au bord des lèvres en lisant ce texte, d’une précision et d’une atrocité sans nom. Les corps décharnés et mourants s’incarnent vraiment sous les mots de Vercors, c’est atrocement juste, et on sent presque, nous aussi, l’odeur de la chair et des os qui brûlent. Un texte très sombre, mais superbe que je vous conseille de lire.
Les personnages – Je ne vais pas revenir sur les personnages un à un, car ça ne présenterait pas vraiment d’intérêt. Mais tous les personnages de Vercors, certains étant d’ailleurs des personnes qui ont réellement existé, sont vraiment des héros littéraires, très puissants, et touchants chacun à leur manière.
Le style – Incontestablement, c’est l’écriture de Vercors qui me donne envie de relire ses textes souvent. Ses mots suintent de poésie, c’est d’une élégance et d’une justesse incroyables. Il parvient à écrire parfaitement l’horreur, donne parfois la nausée, et nous touche directement au cœur. Il y a une vraie puissance dans chacune de ses phrases, il fait s’incarner les personnes, les lieux et les sensations.


Conclusion : De magnifiques textes, que j’aime picorer petit à petit, tellement certains sont poignants. Une écriture qui ne vous laissera jamais indifférent.

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