vendredi 21 octobre 2016

Les délices de Tokyo, Durian Sukegawa.





Titre : Les délices de Tokyo.
Auteur : Durian Sukegawa.
Éditeur : Albin Michel.
Nombre de pages : 239.

Résumé :
« Pour payer ses dettes, Sentarô vend des gâteaux. Il accepte d'embaucher Tokue experte dans la fabrication de an, galette à base de haricots rouges. Mais la rumeur selon laquelle la vieille femme aurait eu la lèpre étant jeune, met la boutique en péril. Sentarô devra agir pour sauver son commerce. »

Mon avis :
L’intrigue – Vraiment, c’est une très belle histoire. Les personnages sont attachants, ils ont chacun une personnalité complexe et une histoire, et c’est assez stupéfiant de voir comment l’auteur parvient à aussi bien dessiner chacun d’eux en seulement 239 pages.
On suit ici trois destins croisés. Tokue aide Sentarô à la fabrication des dorayaki, Sentarô et Wakana deviennent pour Tokue une famille d’adoption, et Tokue et Sentarô offrent à Wakana l’attention et une structure familiale qui lui manquent. Ils forment à eux trois un trio surprenant, que rien n’unit en apparence, mais tous sont liés par une affection sincère et une grande compassion.
En soi, l’intrigue ne propose pas quelque chose de révolutionnaire, il ne s’y passe pas grand-chose. Mais c’était finalement le meilleur choix à faire pour laisser les personnages d’épanouir dans cette histoire, et le lecteur se laisse vite prendre par leur quotidien.
Ce que j’ai aimé également dans ce roman, c’est qu’on y aborde un sujet méconnu, à savoir la lèpre à l’ère moderne. J’avais un peu peur de lire un auteur japonais. Leur culture est en effet très complexe et codée, et même si je la connais un peu, je craignais de ne pas avoir toujours les armes nécessaires à la compréhension des réactions et codes. J’ai vite été rassurée, l’auteur sait planter le décor sans perdre le lecteur occidental, alors même qu’il traite d’un fait de société purement japonais. Il y est en effet question des cas de lèpre qui ont sévi, une maladie que l’on connaît surtout dans des contextes moyenâgeux, voire de la Renaissance, mais peu dans des périodes contemporaines. C’était tout à fait intéressant de voir comment les lépreux ont souffert du regard des citoyens lambda, alors même que leur maladie se soignait et qu’ils n’étaient pas contagieux. Enfermés dans des centres de soins, coupés du monde extérieur jusqu’à une époque récente (de mémoire, on parle des années 90 pour la loi abrogeant leur mise en quarantaine), on se rend compte dans ce récit que la vraie souffrance n’est pas dans la maladie, mais dans le regard des autres.
Le style – Durian Sukegawa a vraiment une plume très légère. Il y a dans ses mots une poésie sous-jacente mais simple qui berce le lecteur et l’embarque dans l’histoire avec une douceur surprenante. Les images sont très belles, la temporalité du récit est cadrée par les cycles de floraison du cerisier qui grandit devant la boutique de Sentarô. La lecture de ce roman est une gourmandise, comme ces dorayaki qui jalonnent le récit et auxquels on a tant envie de goûter !


Conclusion : Une belle histoire et des personnages attachants, portés par une écriture poétique.

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